France mythe et réalité
Témoignage d’un Wallon en France
Identité nationale… voilà le thème passionnel à la mode pour les journalistes et les politiciens français ? Quand on entend leurs arguments, on croit rêver…
Pour des raisons professionnelles, j’ai eu la chance de me rendre assez souvent au Texas : dépaysement total ! Au retour de mes missions, j’ai atterri à Paris, à Madrid, à Amsterdam à Londres ou à Bruxelles. Chaque fois, j’ai eu l’impression d’arriver chez moi. A chaque atterrissage, j’ai ressenti profondément mon identité européenne.
Je vis en France depuis 16 ans et je m’y sens très bien sans pour cela avoir envie de demander la nationalité française. Je m’y sens parfaitement chez moi. Quand certains villageois me parlent en patois Occitan biterrois, je leur réponds en Wallon liégeois et on se comprend….
J’ai la nationalité belge, Mes aïeux sont bretons, ma femme est hollandaise, nous parlons le Néerlandais et le Français, ma langue héritée des romains, influencée par les germains et imposée par Napoléon en remplacement des divers dialectes de son empire éphémère.
Petit rappel historique concernant l’Europe
L'Europe s'étendant de l'Atlantique à l'Oural, est essentiellement chrétienne, multiraciale, variée et unique. Son influence dans le monde a été énorme.
Comme le faisait remarquer Ismail Kadaré les trois péninsules méridionales de l'Europe ont joué un rôle primordial dans la destinée de ce continent.
La balkanique, par la Grèce, a engendré la civilisation occidentale en s'inspirant notamment de celle des Sumériens et l'a étendue au bassin méditerranéen.
L'italique, par Rome, fit don de cette civilisation à toute l'Europe.
L'ibérique réalisa en quelque sorte le doublement du monde de l'époque en découvrant les Amériques.
L'Europe a déjà été unifiée dans les périodes correspondant à un haut degré d'Humanisme avec :
Marc Aurèle, philosophe stoïcien : point culminant de l'expansion et de la centralisation de l'Empire gallo-romain
Charlemagne, avec Alcuin : Renaissance carolingienne avec notamment enseignement du latin et de la religion
Charles Quint : diffusion en Europe de la Renaissance italienne des Médicis, d'Erasme , de Copernic, de...
et finalement l’Union Européenne actuelle.
Ces périodes fastes ont malheureusement toujours été suivies de périodes décadentes correspondant à un éclatement de "l'Empire Européen" : "barons" gaulois et germains, successeurs de Charlemagne, "petits monarques absolus", partis populistes nationalistes.
Nos ancêtres les Gaulois ?
Les Gaulois constituent l'ensemble des peuples habitant la Gaule, telle qu'elle fut définie par Jules César. Les processus d'acculturation, liés au commerce et à la conquête romaine, en ont fait des gallo-romains.
Les Gaulois et les Celtes, une origine commune
Pour comprendre la légère différence qui subsiste entre les Gaulois et les Celtes, étudions l'origine du mot «Celte».
La première apparition de cette terminologie vient de l'historien et géographe grec Hécatée de Milet, au VIesiècle avant J.-C. Le terme est une déclinaison de "kel-kol" signifiant « colon » en indo-européen. Littéralement, les Celtes sont venus envahir un territoire déjà occupé par un peuple autochtone. Il faut dire qu'au IVe siècle avant J.-C., les Celtes occupent une grande partie de l'Europe. Venus des steppes d'Asie centrale, ils migrent petit à petit vers l'Atlantique. Ces mêmes Celtes sont nommés dans la littérature grecque Galate, qui veut dire les envahisseurs. En latin, Galate devient Galli puis, avec les siècles, se transforme en Gaulois.
Distinction historique entre les Gaulois et les Celtes
De même qu'il n'y a pas un peuple celte, mais une multitude de peuples apparentés, se comprenant difficilement entre eux et possédant des coutumes différentes, de même il ne faut surtout pas s'imaginer la Gaule à l'image de la France actuelle.
César disait, avant de se lancer dans sa conquête :
« Ceux qui, dans leur propre langue, s'appellent Celtes, nous les appelons Gaulois. » Il s'agissait donc jusque là des peuples qui occupaient l'Europe, de l'Ouest atlantique jusqu'à la Hongrie.
César le conquérant change de langage :
« J'appelle la Gaule l'espace que je viens de conquérir. Et, de l'autre côté, ce n'est plus la Gaule, c'est la Germanie. » Il s'agit donc là d'une division arbitraire de César, alors que la civilisation est la même des deux côtés du Rhin. La Gaule est une création de César.
Par la suite, on s'appuiera sur la légende plus que sur la réalité pour susciter l'unité nationale.
CONCLUSIONS
Aucun pays d’Europe n’a le monopole des grands philosophes, des grandes découvertes, des grandes réalisations, des révolutions de la fin du 18 ème siècle, de la guerre 14-18, du terrorisme, des dérives sectaires et religieuses, du communautarisme, du racisme, des révoltes étudiantes, de la colonisation, de la laïcité, de la poésie, de la bonne cuisine, des bon vins, des bons fromages,…
Nous sommes souvent les descendants d’immigrés, notre dénominateur commun est l’Europe.
Si la définition de l’"identité nationale" semble tellement difficile en France, c’est probablement parce qu’ elle n’existe pas comme telle. Ce concept est souvent utilisé pour refuser l’autorité des Institutions européennes, justifier l’existence des nombreux politiciens français et exclure certains du droit à partager les institutions en vigueur sur un territoire appelé République Française depuis 1789. Notons que les institutions françaises ressemblent fort à celles des autres pays d'Europe. Par exemple, la séparation de l'Eglise et de la politique, la fameuse laïcité (loi de 1905) qui est présentée comme une spécificité française est en fait d'application dans la plupart des pays d'Europe depuis des siècles.
Sachons que la plupart des lois actuelles promulguées en France sont suggérées par l’Union Européenne.
Admettons que les coutumes culturelles sont incontestablement régionales : un Picard ressemble probablement plus à un Wallon qu’à un Breton ou à un Alsacien...